Apprendre à mon enfant à utiliser les médias sociaux pour ne pas nuire à ses études

Chronique
Nadia Gagnier

Nadia Gagnier

Au-delà de l’émission Dre Nadia, psychologue à domicile (Canal Vie), qui lui a valu la confiance du public, Nadia Gagnier a un parcours qui permet à tous de lui faire confiance! Détentrice d’un doctorat en psychologie, elle a plus de vingt ans d’expérience clinique. Depuis plusieurs années, elle présente des conférences et des formations professionnelles. C’est toujours avec douceur, humour et rigueur scientifique qu’elle vulgarise la psychologie... pour le bien de tous !

Dans les films westerns, il y avait des cow-boys qui tiraient plus vite que leur ombre. Aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, il y a de nouveaux cow-boys… ceux qui publient plus vite qu’ils n’évaluent les conséquences possibles de leur publication!

Apprendre à mon enfant à utiliser les médias sociaux pour ne pas nuire

Quand je consulte le fil d’actualité de mes réseaux sociaux, je suis toujours surprise de la désinvolture avec laquelle certaines personnes publient des tranches relativement intimes de leur vie personnelle, des photos potentiellement compromettantes, des opinions controversées, de fausses nouvelles ou encore des commentaires insultants pouvant heurter d’autres personnes. 

Décidément, Internet et les médias sociaux sont un vaste Far West!

Quand on est parent et que l’on constate ces aspects négatifs des médias sociaux, il est normal qu’un premier réflexe soit de vouloir diaboliser ces derniers aux yeux de son enfant, et lui interdire son usage. Mais est-ce la bonne attitude à adopter?

Les médias sociaux sont là pour rester. Ceux-ci ne comportent pas que des inconvénients ou des publications douteuses. Ils ont aussi quelques avantages. Voici quelques exemples :  

  • ils facilitent les gestes charitables ou solidaires,
  • ils permettent aux gens qui s’aiment ou qui s’apprécient d’avoir régulièrement des nouvelles les uns des autres,
  • ils sont drôles et divertissants;
  • ils permettent de retrouver des animaux ou des objets perdus,
  • ils aident aux retrouvailles de vieux amis qui s’étaient perdus de vue;
  • ils permettent d’obtenir des références et des recommandations;
  • ils aident à faire connaître des produits et services;
  • etc.

Alors, si on adopte une attitude de surprotection ou de répression envers l’utilisation des médias sociaux par notre enfant, on risque de le priver de tous ces effets positifs. Sans compter que s’il n’y est pas présent, il risque de se sentir isolé de ses pairs, qui eux, y seront certainement en grande majorité. Il s’agit là d’une recette parfaite pour que notre enfant s’y retrouve à notre insu, malgré toutes nos précautions, et ce, sans avoir obtenu notre éducation quant à une saine façon de les utiliser.

Alors, si on ne doit pas interdire, est-ce qu’on doit tout permettre? La solution se trouve, selon moi, entre ces deux extrêmes. 

Voici donc quelques pistes pour encadrer l’utilisation que votre enfant fait des médias sociaux, et pour lui permettre graduellement et avec accompagnement d’en faire un usage sain :

Avant qu’il y soit présent, entre 8-9 ans et 13 ans, on l’initie en l’éduquant et en favorisant sa réflexion :

  • Adopter un dialogue ouvert et nuancé sur les réseaux sociaux (il y a des avantages, des risques et des inconvénients).
  • Montrer occasionnellement à notre enfant ce qu’on y trouve et ce qu’on y publie (ex. : choisir des publications sur notre fil d’actualité pour lui montrer des exemples).
  • Discuter avec l’enfant sur ce qu’il pense de ce qu’on y trouve, des conséquences qu’une personne risque de subir ou de faire subir à une autre en ayant fait telle ou telle publication.
  • Demander l’autorisation à notre enfant avant de publier des photos de lui ou d’elle (cela insinue subtilement que publier une photo n’est pas une affaire banale).
  • Expliquer la différence entre les médias sociaux (publicité, opinion, divertissement) et les autres façons d’obtenir de l’information plus valide (ex. : sources journalistiques réglementées).

Quand il commence à utiliser les réseaux sociaux (théoriquement, à partir de 13 ans) : 

  • Mettre en place des configurations sécuritaires. 
  • Le superviser au début, en le rassurant que cette supervision s’estompera au fur et à mesure qu’il apprendra comment les utiliser sainement.
  • Lui parler de l’importance de respecter nos interlocuteurs, comme s’ils étaient devant nous.
  • Lui suggérer de se demander, avant de publier, quelles peuvent être les conséquences d’une publication… 
  • L’amener à considérer toute publication comme étant potentiellement permanente, même s’il est possible de la supprimer (les autres peuvent faire une capture d’écran).
  • Expliquer à l’enfant que tout le monde peut être sur les réseaux sociaux : leurs gentils amis, leur grand-mère adorée… tout comme des arnaqueurs ou de méchants prédateurs. Ensuite, on l'encourage à réfléchir sur comment déterminer qui devrait faire partie de ses contacts.

Bref, alors qu’autrefois, on disait qu’il faut tourner sa langue 7 fois avant de parler, peut-être qu’aujourd’hui, nous devrions dire qu’il faut tourner son écran 7 fois avant de publier!