Comment aider l’enfant timide à bien réussir à l’école?

Chronique
Sarah Hamel

Sarah Hamel

Sarah Hamel est une psychoéducatrice qui se spécialise avec une clientèle aux prises avec des difficultés sur le plan de l'anxiété, de l'opposition, de l'attention et des comportements. Elle partage régulièrement sur ses médias sociaux des capsules éducatives traitant de différents enjeux concernant le développement de l'enfant et la parentalité, dans lesquelles elle aborde les meilleures pratiques et les plus récentes données scientifiques sous un angle humoristique et déculpabilisant pour le parent.

La timidité découle souvent d’une insécurité. C’est tout à fait sain et adaptatif qu’un enfant prenne le temps d’analyser le nouvel environnement dans lequel il se trouve avant de s’y lancer! 

Père et enfant timide

C’est normal que la nouveauté soit intimidante, même quand cette nouveauté, c’est la matante super géniale qu’on adore et à qui on a vraiment hâte de présenter son enfant.

On est programmé pour se méfier de la nouveauté par réflexe de protection, et ce, dans une optique de survie de l’espèce. C’est tant mieux si les enfants ont ce réflexe parce que s’ils ne l’avaient pas, nos ancêtres ne se seraient pas méfiés en croisant un nouveau serpent super venimeux, et l’histoire des humains se serait finie là! 

Une tante cool, c’est exactement comme une nouvelle espèce de serpents. Tant qu’il ne sait pas si c’est dangereux, votre enfant va se méfier. L’enfant reste sur ses gardes parce que lui, il ne sait pas que votre matante est super fine. Du moins, pas encore! C’est en étant en retrait, en observant et en analysant qu’il va s’en rendre compte. 

Il faut laisser l’enfant apprivoiser les nouveaux contextes à son rythme, y compris à l’école. Certains enfants sont plus prudents que d’autres, et c’est bien correct. Si votre enfant est très réservé et que vous souhaitez qu’il sorte de sa coquille pour qu’il soit capable de s’affirmer et de participer à des activités chouettes, il y a moyen de l’aider. Mais le mot d’ordre, c’est PAS DE PRESSION!

Il faut garder en tête que pour un enfant, les nouvelles personnes, comme son enseignant, ou les contextes nouveaux, comme une nouvelle classe, peuvent être effrayants. Pas parce qu’il est un p’tit peureux! Juste parce que des relents de ses instincts de survie refont surface. Je sais que ce n’est pas évident d’imaginer qu’une matante super cool ou un petit voisin de classe puisse faire peur, mais pour un enfant, la nouveauté équivaut à une menace potentielle. 

Je vais revenir à mon analogie des serpents. On va comparer un serpent au fait de parler à un étranger.

Imaginons que vous avez peur des serpents et que je vous dis que je vais vous mettre un serpent dans les mains en arrivant chez Matante. Vous n’allez pas vraiment avoir envie d’y aller, vous allez anticiper le moment où le serpent va être dans vos mains et vous allez stresser juste à l’idée d’y aller. 

Par contre, si je dis que chez Matante, il va y avoir un serpent, mais qu’on n’est pas obligé de l’approcher si on n’en a pas envie, ça va être pas mal moins stressant! 

Si l’enfant n’est pas stressé, il sera plus enclin à entrer en interaction. C’est donc super important de le mettre à l’aise et d’enlever toute pression. 

On veut l’exposer à des situations sociales et on veut que ces expositions lui fassent vivre des réussites pour qu’il étende sa zone de confort. Il faut donc absolument respecter son rythme. On veut que ça se fasse dans le plaisir. Voici quelques stratégies gagnantes :

  • utiliser les sorties sociales comme occasion pour l’exposer (à son rythme) à de nouvelles personnes et pour pratiquer ses habiletés sociales;
  • lui offrir le choix d’entrer en interaction ou non;
  • valoriser tous les efforts qu’il fait en soulevant ce qu’il a réussi à accomplir;
  • lui proposer de l’accompagner pour briser la glace si on sent qu’il a envie d’entrer en interaction, mais qu’il est craintif;
  • lui faire vivre des succès pour qu’il prenne confiance en lui;
  • pratiquer ses habiletés sociales en terrain connu (par exemple chez lui plutôt qu’en visite ailleurs);
  • éviter de lui poser une étiquette d’enfant gêné, surtout devant lui.