Mon enfant préfère vivre les conséquences plutôt que de faire ses devoirs

Chronique
Elizabeth Olivier

Elizabeth Olivier

Elizabeth Olivier est psychoéducatrice et chercheure postdoctorale à l’Université Concordia et à l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la motivation et l’engagement scolaire des élèves ayant des difficultés adaptatives et de comportement, ainsi que sur les pratiques enseignantes soutenant la motivation des élèves.

Pour certains enfants qui n’aiment pas faire leurs devoirs, la promesse d’une récompense ou du retrait d’un privilège suffit à les motiver à se mettre à la tâche. D’autres préfèrent en subir les conséquences. Dans ces cas-là, il y a lieu de se poser la question suivante : pourquoi les conséquences sont plus alléchantes que les devoirs?

Mon enfant préfère vivre les conséquences plutôt que de faire ses devoirs

Quand tout est rose…

Certains enfants font leurs devoirs parce qu’ils aiment apprendre, qu’ils sont intéressés par la matière ou curieux d’en savoir plus. On dit alors qu’ils ont une motivation intrinsèque, c’est-à-dire que cela fait presque partie de leur personnalité.

Quand ça peut déraper…

D'autres enfants font leurs devoirs parce qu'ils veulent obtenir une récompense ou éviter une conséquence. On dira alors qu’ils ont une motivation extrinsèque : ils font leurs devoirs pour des raisons externes. Et c'est là que le parent se retrouve dans une drôle de position, celle de  donner des récompenses ou d’imposer des conséquences pour soutirer, par-ci par-là, un devoir ou une leçon de plus. 

Les récompenses et les conséquences…

Les récompenses ne sont pas un problème, mais elles sont rarement efficaces très longtemps, et il faut souvent les renouveler. Celles-ci soutiennent mieux la motivation orientée vers de petits objectifs, limités dans le temps. Par exemple, un enfant qui doit améliorer ses notes dans une matière pourrait être récompensé pour les exercices supplémentaires qu’il fait.

En revanche, conséquences et motivation ne font pas bon ménage. De façon générale, même si l’enfant se met à la tâche pour éviter une conséquence, ce ne sera pas de gaieté de cœur. À long terme, il risque de percevoir les devoirs comme des tâches difficiles et en venir à préférer les conséquences.

Briser le cercle vicieux...

Pour briser la perception négative qu'un enfant peut avoir des devoirs, le parent doit s'armer de patience, de persévérance et ne pas hésiter à demander de l'aide!

Voici quelques recommandations : 

  • Démontrer une attitude positive envers les devoirs. Les enfants, surtout les plus jeunes, prennent leur parent en exemple. Il est donc important de se montrer intéressé, attentif, détendu et souriant lors de la période de devoirs.
  • Revoir les routines et se demander si elles sont trop chargées. Envisager la possibilité de se réserver un moment de détente parent-enfant avant de commencer les devoirs.
  • Souligner, féliciter et encourager les petites étapes et les efforts.
  • Respecter les termes du contrat, lorsque l’on fait une entente avec l’enfant. Par exemple : « Quand tu auras terminé ce devoir, nous prendrons une pause. ». Il faut alors prendre un temps d’arrêt tel que promis, même si l’enfant travaille bien, pour ne pas ébranler sa confiance.
  • Faire une activité que l’enfant aime, plus tard en soirée ou passer du temps en famille.
  • Offrir des choix à l’enfant. Ex. : Par quelle matière souhaites-tu commencer?
  • Utiliser une minuterie.
  • Éviter d’employer les conséquences, même si elles semblent efficaces sur le coup. 
  • Etc.
     
Attention!

Ce texte n’aborde que quelques raisons, parmi plusieurs autres, pouvant expliquer qu’un enfant préfère les conséquences aux devoirs. Certains enfants, dont ceux ayant des difficultés d’apprentissage ou de comportement, pourraient choisir les conséquences plutôt que les devoirs notamment afin d’éviter de faire une tâche qu’ils considèrent comme étant trop difficile. Dans leur cas, comme pour d’autres enfants, les processus de motivation sont complexes. Il est donc recommandé de consulter l’enseignant ou les professionnels de l’école afin de discuter de stratégies adaptées aux besoins de l’enfant.