L’entendre lire ses premiers mots, c’est un peu comme voir tout l’univers s’ouvrir progressivement à lui. Comme si les barrières tombaient les unes après les autres et que son niveau d’autonomie grandissait soudainement de façon exponentielle.

Je me souviens à quel point j’aimais la lecture lorsque j’étais jeune.
Combien je dévorais des livres de toutes sortes. Au primaire, mes économies, je les utilisais souvent pour m’acheter des bandes dessinées de Garfield, d’Archie, des Schtroumpfs ou d’Astérix.
Puis, il y a eu les livres de La courte échelle, la collection Frissons ainsi que les nombreux récits dont j’étais le héros et dans lesquels j’avais le pouvoir de prendre les décisions du chevalier pour me promener de page en page.
Ça me fait un petit quelque chose de voir que mon plus vieux, maintenant en première année, est sur le point de franchir cette étape. Il arrive, le soir, avec des livres dans son sac d’école, augmentant progressivement le niveau de difficulté des bouquins.
Comme si ça allait de soi, il est vite passé des syllabes simples (« parade ») aux sons plus complexes. Les « in », les « on », les « en »…
Lorsqu’il me lit des phrases ou que je l’entends faire sa lecture à ma conjointe pendant que je prépare le souper, je ne peux m’empêcher de ressentir un immense sentiment de fierté. Les premières fois, j’en avais presque les larmes aux yeux.
Heureusement, j’ai retrouvé mes moyens depuis!
Malgré tout, il m’arrive d’être sans mot… Comme lorsqu’il me pose des questions du genre :
Papa, pourquoi « enfant » s’écrit avec un « en » au début, mais que j’peux pas l’écrire avec un « en » à la fin?
Qu’est-ce que vous voulez répondre à ça? Notre langue est tellement compliquée et truffée de règles et d’exceptions inexplicables!
Parce que c’est comme ça, mon grand.
Et ça ne le décourage même pas, il poursuit son aventure de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture comme un vrai guerrier!
Progressivement, il peut lire des livres, mais il peut aussi jouer à une tonne de nouveaux jeux de société, écrire lui-même des cartes d’anniversaire, comprendre le menu au restaurant, fermer sa porte de chambre et inscrire « Je veux la paix svp » dessus, saisir les légendes du type « Cinq ans plus tard » lorsque nous visionnons un film, etc.
C’est complètement fou!
À l’époque, marcher sur la lune, c'était « un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour l’humanité ».
Aujourd’hui, voir mon garçon apprendre à lire est peut-être un petit pas pour l’humanité, mais c’est un pas de géant aux yeux de son papa!