L’exposé oral est un véritable chemin de croix pour le parent. Même lorsque notre enfant est studieux, attentif et responsable, le soutenir dans la préparation de sa présentation orale demande un investissement parental monstre! Pourquoi?

Parce que les tâches demandées et les compétences nécessaires pour y parvenir sont complexes : faire la recherche, structurer les informations, rédiger un petit texte (que l’enfant doit souvent remettre à l’enseignante) et l’apprendre par cœur, trouver des images à intégrer sur un support visuel (grand carton, fiches ou PowerPoint) et pratiquer, pratiquer et encore pratiquer.
Parle un peu plus fort!
Feras-tu ta présentation orale couché sur le ventre? Non, eh bien, debout!
Arrête de rire! C’est pour demain.
Trop vite. Articule bien. Ne lis pas ton carton.
Et ainsi de suite.
Maintenant, imaginez un instant la préparation d’une présentation orale avec un enfant qui oublie ses cahiers, a du mal à tenir assis 10 minutes, est ultra timide ou n’a pas une très grande capacité de rétention de l’information à court terme.
Ajoutez à cela des parents qui ont eu une grosse journée de travail en plus d’avoir été coincés dans les bouchons de circulation, d’avoir fait le souper à la va-vite et d’être allés mener un ou deux enfants au hockey. Poussons un peu plus loin, en imaginant ces mêmes parents (et enfants) vivre une séparation, être en dépression ou éprouver des difficultés financières. Il y a de quoi devenir fous!
Mais rassurez-vous, vous n’êtes pas seuls.
Chaque fois que je vais à la pharmacie du quartier pour faire imprimer, à 21 h 55, les photos nécessaires au carton de la présentation orale de l’une de mes filles, je croise quatre ou cinq autres parents qui sont autant à bout de souffle que moi.
C’est réconfortant de voir qu’on n’est pas seuls à être autant à la dernière minute.
Pire, on se confie avoir fait plus de 60 % du travail de notre enfant. On rit. La pression se relâche. Et du coup, notre enfant sera, lui aussi, bien plus détendu le lendemain matin.
Un jour, j’ai croisé Madame Shirley, l’enseignante de l’une de mes filles. Je l’ai remerciée d’avoir si bien noté MON carton pour l’exposé oral de ma fille. Elle a remarqué mon ironie et m’a regardée droit dans les yeux :
Vous savez, c’est bien que les parents s’investissent autant. Le temps que vous avez passé à faire ce carton avec elle, vous lui avez non seulement montré comment travailler, mais vous lui avez démontré que l’école avait de l’importance pour vous.
Ces mots résonnent encore en moi, dix ans plus tard.
L’exposé oral est peut-être l’art de la rencontre avec le public, mais à travers toutes ces heures passées à discuter d’un sport ou d’un animal favori, à découper des photos et à colorier, j’ai rencontré mes enfants.
Comme le disait si bien Albert Jacquard : « Le savoir est utile, mais la finalité du savoir est la rencontre ».