Lorsqu’on m’a demandé d’écrire un article qui parle de philo pour enfants, je me suis dit : quel beau défi! Non parce que je ne maîtrise pas le sujet (je pourrais en parler pendant des heures!), mais parce qu’il est très complexe. Et bien qu’il existe de nombreux écrits dans le domaine, ils sont souvent techniques, donc un peu rébarbatifs. Alors, pour rendre la chose plus sympathique, je passerai sur les détails de la pratique et utiliserai des exemples concrets de notre vie de tous les jours.

Nous vivons dans une société où nous sommes constamment bombardés d’informations. Comment faire le tri là-dedans? C’est un défi, même en tant qu’adulte! Développer notre jugement nous aide assurément à y voir plus clair. Alors imaginez le beau cadeau qu’on peut faire à nos enfants en les invitant à s’y exercer dès l’âge de quatre ou cinq ans!
Ainsi, lorsqu’un camarade proposera à votre enfant de conduire après une soirée bien arrosée, il aura le discernement de dire : « Ça ne me tente pas de mettre ma vie et celle des autres en péril juste pour épater la galerie ».
Il aura pensé aux conséquences, car son cerveau aura été entraîné à traiter l’information reçue et non pas juste à l’emmagasiner.
Ce n’est pas : l’enseignement des théories philosophiques (p. ex. : Platon, Nietzsche ou autres). Bien sûr, on peut y faire un clin d’œil lorsque l’enfant partage une idée qui s’apparente à une pensée philosophique, mais ce n’est pas le but premier.
C’est : pratiquer la méthode Socratique, c’est-à-dire entretenir une conversation qui permet à l’enfant d’accoucher de ses propres idées. Bonne nouvelle : il n’est pas nécessaire d’avoir une quelconque connaissance en philosophie pour la pratiquer.
Lors d’un atelier de philosophie, les élèves sont des philosophes. Un atelier philosophique se compose d’un animateur ou d’une animatrice et d’un groupe de participants. La personne chargée de l’animation doit rester neutre et ne jamais donner son avis. Elle a pour fonction de distribuer la parole et de faire avancer la discussion en s’assurant qu’elle respecte des règles démocratiques. Ces règles peuvent être les suivantes :
Qui dit démocratie dit respect de l’autre. Il faut donc apprendre à écouter l’autre pour le comprendre et non pas pour répondre du tac au tac. Il faut aussi apprendre à faire des critiques raisonnables, c’est-à-dire sans se laisser emporter par ses émotions.
Il n’y a pas de secret, la clé pour avoir un résultat positif sur notre vivre-ensemble est la pratique régulière. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut tous et toutes s’y mettre au quotidien!
Il suffit de tranquillement s’entraîner à inviter son enfant à participer à des réflexions.
Au lieu d’être la personne qui donne en permanence des réponses à votre enfant, questionnez-le. Si votre enfant vous demande pourquoi il doit se coucher tôt le soir, retournez-lui la question : « À ton avis qu’arriverait-il si tu te couchais très tard? Dans quel état serais-tu le matin? Et à l’école, passerais-tu une bonne journée? »
Posez-lui des questions sur les films qu’il regarde, les histoires que vous lui lisez, et surtout, n’attendez pas des réponses parfaites et ne lui soufflez pas la réponse. L’essentiel de cette pratique est de développer son esprit critique afin qu’il soit capable de penser par lui-même.
Vous pouvez aussi l’inscrire à des ateliers de philosophie à son école ou à la bibliothèque municipale, ou encore vous procurer l’une des nombreuses ressources d’accompagnement suggérées dans les références.