L’école, j’haïssais ça. Y’avait rien de pire dans la vie pour moi. Puis là, pas trop le choix, ma grande entre en maternelle. Pauvre elle! Ça lui tente pas, je la comprends. Elle pleurait encore hier soir et elle me demandait pourquoi je l’envoyais là. Tu veux que je lui réponde quoi?

Cet échange, je l’ai entendu entre deux jeunes mères, sur un banc de parc, tout près du module de jeux où je jouais une partie de tic-tac-toe avec mon plus vieux.
J’ai eu envie de me mêler à la conversation, mais je savais bien que ce n’était pas de mes affaires.
J’aurais tellement aimé rappeler à la maman tout l’impact qu’elle peut avoir sur son enfant, tant positivement que négativement, et combien ses propos peuvent avoir une incidence sur l’ensemble du parcours de sa fille.
Vraisemblablement, elle avait vécu de mauvaises expériences à l’école et craignait que la même chose se produise pour ses enfants. Quelque part, elle avait un réflexe de protection envers sa petite. Elle aurait probablement souhaité la protéger de cette expérience potentiellement dangereuse et se sentait peut-être même coupable de l’envoyer directement dans la « gueule du loup ».
Elle avait un ancrage négatif envers le monde scolaire et, sans même s’en rendre compte, cette vision était en train de prendre forme dans les yeux de sa fille, alors qu’elle n’avait même pas encore mis les pieds à l’école!À six ans, prendre le chemin de la maternelle cinq jours sur sept en n’ayant pas envie d’y aller et en sentant que ta maman a un profond dédain de l’école, c’est lourd ça!
Puis, je me suis mis dans la peau de la mère.
Si l’école m’avait laissé de telles traces, si j’en avais des souvenirs douloureux (peu importe la ou les raisons), si mes parents ne m’avaient jamais encouragée à travers mon parcours scolaire, si tout ce que j’avais connu par rapport à l’école avait été ennuyant, difficile, blessant ou synonyme d’échecs, comment aurais-je pu réussir à motiver mon enfant et lui donner envie d’aller à l’école?
Et alors, j’ai compris que pour la maman, ça allait être tout un défi!
Le meilleur prof du monde aura beau tout faire ou tout dire pour donner envie à ses élèves de s’instruire, de se découvrir et de s’épanouir dans leur milieu scolaire… Pour un enfant, l’impact des paroles d’un père ou d’une mère aura toujours préséance sur ce qui est véhiculé à l’école.
Ainsi, la plus belle des journées peut rapidement devenir tout ce qu’il y a de plus anodin si, au moment de la raconter à son parent, l’enfant se fait répondre quelque chose comme : « Profites-en! Des belles journées, t’en n’auras pas beaucoup dans une année! »
J’espère que cette petite fille sera rapidement mise dans des situations où elle se sentira bien, où elle aura l’impression d’avoir sa place et d’être au bon endroit. Je lui souhaite de ressentir l’amour du personnel scolaire et de vivre une multitude de réussites et de petits instants de bonheur qui prendront de plus en plus de place dans son cœur.
Mais, mon plus grand souhait, c’est que sa mère réalise que le parcours de sa fille peut être différent du sien.
Et, si cette prise de conscience se fait, je pense que tout deviendra alors possible.