C’était broché sur une page de l’agenda de mon fiston. Pas déjà un mot de l’éducatrice spécialisée? Pourtant, la semaine avait bien commencé! Qu’est-ce que Laurent a encore fait? C’est donc avec l’anxiété qui avoisinait les 140 battements par minute que je lus le mot :
Votre enfant a…
FAIT QUOI? Me dis-je.
… une sortie au Musée McCord d’histoire canadienne.

AHHHH FIOU!!!
Une sortie. Une sortie parascolaire. Je peux décompresser tranquillement. Ce n’est pas du tout la fin du monde, au contraire!
Je suis heureux que Laurent participe à la vie culturelle montréalaise de cette manière.
À son âge, mon école secondaire, un collège privé de la Rive-Nord de Montréal, organisait peu de sorties culturelles.
Au cours de l’automne, Laurent aura fait quatre sorties : Musée McCord d’histoire canadienne, Musée Redpath de l’Université McGill, Musée d’art contemporain et Musée Stewart sur l’île Sainte-Hélène. Également, l’UQAM organise plusieurs après-midi scientifiques sur une foule de sujets.
Au-delà de l’éveil intellectuel, du plaisir de faire des découvertes et d’augmenter sa curiosité, Laurent, à l’instar de ses camarades TSA, fait un drôle d’apprentissage. Un peu à son insu, je dirais. Il se familiarise avec le transport en commun, paie lui-même ses passages et ses collations, et met en pratique diverses règles de sécurité, notamment au moment de traverser la rue.
J’appelle cela « l’éveil à la société ».
Pour les éducatrices et enseignantes, les sorties ont surtout ce sens plutôt que celui de la découverte. Il faut qu’un autiste « se mesure » à la société. Avec ses parents, Laurent le fait. Mais avec d’autres? C’est une autre histoire. Cette fois-ci, il doit compter bien plus sur lui-même puisque nous ne sommes pas derrière lui!
Eh oui! J’admets que le « papapoulisme » et le « mamanpoulisme » peuvent nuire à la quête d’autonomie!
Dans le cadre de cet éveil, je dirais que Laurent apprend beaucoup. Entre autres ceci :
Cela fait partie de la portion « Laurent doit apprivoiser la société » de sa scolarité.
Lors de ces sorties, Laurent sait aussi se mettre en mode « découverte ». C’est permis… et c’est tant mieux!
Ainsi, chaque œuvre, chaque pièce, chaque artefact, chaque explication du guide devient une nouvelle mine d’or pour lui. Un bel éveil qui s’opère dans un cadre d’apprentissage exceptionnel.
Au moment de son retour à la maison, dès qu’il descend de l’autobus, sans même que nous ayons à insister, nous avons droit à des explications « détaillées » de ses visites. Je le mets entre guillemets parce que Laurent, de façon générale, s’est toujours contenté du strict minimum en matière du partage d’information. Avec lui, c’est souvent « oui », « non », « je ne le sais pas » et « pourquoi le capitaine Haddock crache son whisky dans Tintin et les Picaros? ».
Or, voilà qu’il nous décrit toutes les choses qu’il a préférées, du grand squelette de dinosaure du Musée Redpath aux uniformes de l’Expo 67 au Musée McCord, en passant par la Biosphère qu’il a aperçue lors de son passage sur l’île Sainte-Hélène.
Et dans vos écoles, ça sort beaucoup?