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Robert Bourassa est un politicien québécois. Chef du Parti libéral, il est le premier ministre du Québec de 1970 à 1976 et de 1985 à 1994.
Dans les années 1970, son gouvernement entreprend une série de réformes basées sur le modèle de l'État-providence, et ce, tout en surmontant plusieurs crises sociales, linguistiques et économiques.
Un État-providence désigne un État qui intervient activement dans les domaines économique et social dans le but de favoriser le développement de la société.

Robert Bourassa vers 1970
Quelques mois seulement après son élection, Robert Bourassa doit faire face à la crise d'Octobre et aux actions terroristes du Front de libération du Québec (FLQ). Depuis sa création en 1963, le FLQ milite pour l'indépendance totale de la province. À l'automne 1970, il multiplie ses actions et organise l'enlèvement de James Richard Cross, un diplomate britannique, et de Pierre Laporte, ministre du Travail et vice-premier ministre. Ce contexte chaotique pousse Bourassa à demander au gouvernement fédéral d'imposer la Loi sur les mesures de guerre.

Soldats devant le parlement de Québec (crise d'Octobre 1970)
Depuis la signature du statut de Westminster, en 1931, le Parlement britannique intervient de moins en moins dans la politique canadienne. En 1971, afin de rendre le Canada totalement souverain et maitre de sa constitution, Pierre Elliott Trudeau entreprend des démarches auprès des premiers ministres des 10 provinces pour obtenir leur accord sur un nouveau projet de loi constitutionnelle. Entre le 14 et le 16 juin 1971, Trudeau réunit les premiers ministres à Victoria, en Colombie-Britannique, pour leur présenter la Charte de Victoria. De retour au Québec, Robert Bourassa doit faire approuver le document par les députés de l'Assemblée nationale et le modifier, le cas échéant. La Charte est très mal accueillie par l'Assemblée nationale. Sous la pression de ses collègues libéraux et des députés de l'opposition, Robert Bourassa la rejette en affirmant qu'elle ne garantit pas assez de pouvoirs exclusifs au Québec. Les négociations constitutionnelles sont alors dans une impasse et le projet de loi n'est adopté qu'en 1982.

Pierre-Elliott Trudeau
Au début des années 1970, l'arrivée d'immigrants inquiète plusieurs Québécois qui craignent un recul de la langue française. En 1968, un évènement très médiatisé dans une école de Saint-Léonard marque le début d'une crise linguistique au Québec. Alors que la moitié de la population de cette partie du nord de l'île de Montréal est d'origine italienne, des parents francophones tentent d'instaurer l'enseignement unilingue en français dans les écoles de la province. Appuyés par leur commission scolaire, ils réussissent à fermer les classes bilingues et obligent les enfants à aller à l'école primaire en français. Cette action provoque la colère de la communauté italienne et des allophones en général. Dès lors, le gouvernement adopte la loi 63 pour promouvoir la langue française au Québec sans toutefois contraindre les parents à faire un choix quant à la langue d'enseignement de leur enfant.
En 1974, le débat linguistique s'intensifie lorsque le gouvernement Bourassa adopte le projet de loi 22 qui proclame le français comme l'unique langue officielle du Québec et qui impose un test de connaissances sur la langue anglaise aux enfants souhaitant fréquenter une école anglophone. Cette loi déplait à la fois aux francophones qui souhaitent imposer l'enseignement en français à tous les nouveaux arrivants et aux anglophones qui voient leurs droits restreints. Quelques années plus tard, en 1977, la Charte de la langue française, communément appelée Loi 101, est adoptée par le gouvernement de René Lévesque pour assurer la primauté du français au travail et dans le domaine public. Ces lois relatives aux questions linguistiques ont créé des tensions entre les francophones et les anglophones.

René Lévesque vers 1970
En 1970, lors de son élection, le gouvernement Bourassa promet de faire de l'économie sa priorité. Pour créer des emplois, il met sur pied d'importants projets de construction dont le « projet du siècle » qui implique trois barrages hydroélectriques en Jamésie, sur la Grande Rivière, à 1000 kilomètres de Montréal.Dès le début des travaux, les communautés cries et inuites qui habitent la région s'y opposent et revendiquent le respect de leurs droits ancestraux. Pour faire entendre leur point de vue, les Autochtones se tournent vers les tribunaux et les travaux sont suspendus. Le 11 novembre 1975, le gouvernement et les communautés cries et inuites finissent par s'entendre et signent la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. Quelques années plus tard, les Naskapis du Québec signent, eux aussi, une convention pour protéger leur territoire de chasse et de pêche.
Par ailleurs, les grands chantiers de construction entrepris par le gouvernement Bourassa viennent aussi atténuer le ralentissement économique dû à la crise pétrolière de 1973. Le 6 octobre 1973, la guerre du Kippour éclate au Moyen-Orient. Opposant l'Égypte et Israël, ce conflit a des conséquences à l'échelle mondiale, car les pays arabes alliés à l'Égypte décident de réduire leurs exportations de pétrole vers les États-Unis qui appuient Israël. Le prix du pétrole augmente soudainement de 400% affectant tous les pays qui en consomment de grandes quantités, dont le Canada. Ce premier grand choc pétrolier provoque une forte hausse du cout de la vie et plusieurs pertes d'emplois. Le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau doit alors intervenir pour redresser l'économie. Entre autres, il contrôle le prix de certains produits et il fonde la compagnie pétrolière Petro-Canada. De son côté, Bourassa continue de miser sur ses projets de construction comme les installations olympiques de Montréal, l'aéroport de Mirabel et le complexe hydroélectrique de la Baie-James.

Désolé, pas d'essence aujourd'hui (1973)
Dans les années 1970, en raison du contexte économique difficile, le nombre de mouvements de grève augmente. Les trois grandes centrales syndicales (CSN, FTQ et CEQ), concernées par les salaires et les conditions de travail, décident de s'allier pour former un front commun. En 1972, plus de 200 000 travailleurs du secteur public optent pour une grève illimitée. Dix jours après le déclenchement de la grève, le gouvernement Bourassa adopte une loi spéciale qui oblige les employés de l'État à retourner au travail. Dès lors, les chefs des trois grandes centrales syndicales encouragent les grévistes à défier la loi, ce qui entraine leur arrestation. À la fin mai, les négociations reprennent et plusieurs demandes des syndiqués sont accordées par le gouvernement.

Le front commun (CEQ, CSN et FTQ)
En dépit des nombreuses difficultés de son premier mandat, Bourassa est réélu en 1973. En 1976, René Lévesque, chef du Parti québécois, lui succède. Souvent critiqué comme premier ministre, Bourassa réussit tout de même à surmonter plusieurs crises et une récession économique. En plus de mettre sur pied des projets d'envergure, il entreprend l'instauration d'une série de mesures sociales dont la Loi sur l'assurance maladie, des lois liées à l'exercice de la justice et la Charte des droits et libertés de la personne. Les Québécois se souviennent de lui comme un personnage important de leur paysage politique qui a lutté pour faire du Québec une société distincte au sein du Canada.