Les mouvements de revendications (1760-1791)

Fiche | Histoire

À la suite de la Conquête, des mouvements de revendication s'organisent dans les différents groupes d'influence qui composent la société de la Province de Québec. Afin que leurs revendications soient transmises au roi, ceux-ci envoient plusieurs pétitions en Grande-Bretagne.

Les groupes d'influence

Les Britanniques

 Les concessions accordées aux Canadiens par le gouverneur Murray sont loin de faire l'unanimité chez les Britanniques de la Province de Québec. Deux groupes de pression se forment : le French Party et le British Party..

French Party ​British Party
Composition
  • ​Administrateurs 
  • Officiers militaires
  • Nobles
  • ​Marchands
  • Colons originaires des Treize colonies
Attitude à l'égard des Canadiens
  • ​Conciliante à l'égard des Canadiens
  • Ouverte aux compromis
  • Non conciliante et pour l'assimilation des Canadiens
  • Fermée aux compromis 

Arrivés dans la Province de Québec, les marchands britanniques et les colons en provenance des Treize colonies prennent conscience que la colonie n'est pas entièrement dirigée comme une colonie britannique étant donné l'attitude conciliante du gouverneur Murray à l'égard des Canadiens. Décidant de s'unir, ces marchands et ces colons forment le British Party. Ils exigent que les lois en vigueur dans la colonie soient strictement anglaises et que l'habeas corpus, une loi anglaise, soit appliquée. Ils revendiquent également la création d'une chambre d'assemblée, qui serait réservée uniquement aux protestants, ainsi que l'abolition de la religion catholique et du système seigneurial dans la colonie.

Le French Party, majoritairement composé d'administrateurs de la colonie ainsi que de conseillers législatifs canadiens, s'oppose au British Party. En effet, ce regroupement est en faveur d'une attitude conciliante à l'égard des Canadiens et se range derrière les décisions du gouverneur Murray.

 

Les Canadiens

L'attitude conciliante de Murray plait évidemment aux Canadiens. Cependant, le serment du Test, imposé depuis la Proclamation royale, les empêche d'accéder aux postes administratifs de la colonie. Ils souhaitent donc l'abolition de ce serment. Ils veulent également le rétablissement officiel des lois civiles françaises.

Le clergé catholique

Malgré l'interdiction de nommer un nouvel évêque décrétée dans la Proclamation royale, le gouverneur Murray accorde la nomination d'un nouvel évêque en 1766.

Monseigneur Jean-Olivier Briand

Monseigneur Jean-Olivier Briand, premier évêque catholique de la colonie sous le Régime britannique

Cette concession, qui assure la survie de l'Église catholique en Nouvelle-France, scelle la collaboration entre le clergé et les autorités britanniques. Le clergé s'assure d'ailleurs de rappeler aux Canadiens qu'ils doivent demeurer fidèles à la nouvelle métropole, la Grande-Bretagne. 

Néanmoins, le clergé réclame le retour de la dime (impôt payé à l'Église) afin d'assurer la survie de l'Église et de prodiguer ses services aux Canadiens. 

Les objets des pétitions

Les nombreuses pétitions envoyées en Grande-Bretagne concernent diverses revendications. Par exemple, les membres du British Party envoient au roi une pétition qui dénonce la permission accordée par Murray à certains catholiques de siéger en tant que juré. 

Définition

Un juré est un citoyen convoqué, après tirage au sort, afin de faire partie d'un jury. Dans un procès criminel, le jury doit se positionner quant à la culpabilité ou à l'innocence de l'accusé.  

Pour riposter, des Canadiens envoient également une pétition afin de démontrer que la présence de Canadiens francophones et catholiques est nécessaire dans les jurys. Ils réclament aussi de pouvoir participer au gouvernement et d'avoir accès aux ordres du roi dans la langue française. Les Canadiens envoient également des pétitions au roi afin que les concessions faites par le gouverneur Murray demeurent acquises. 

Guy Carleton

Guy Carleton, gouverneur de la Province de Québec de 1768 à 1778

​Les pétitions du British Party concernent aussi la création d'une chambre d'assemblée exclusive aux protestants, l'interdiction de la pratique de la religion catholique dans la colonie et l'abolition de nouvelles taxes sur le commerce imposées par la métropole. Les membres de ce regroupement envoient également des pétitions afin de réclamer la destitution du gouverneur Murray, qu'ils jugent trop conciliant. Ils parviennent d'ailleurs à leurs fins : Murray est rappelé en Grande-Bretagne en 1766. Cependant, son successeur, Guy Carleton, se montrera tout aussi ouvert aux demandes des Canadiens.