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Les Inuits sont un peuple autochtone qui habite la région arctique du Canada depuis près de 1 000 ans. En 2021, 70 545 Inuits vivent au Canada, dont 44 % au Nunavut[3]. On utilise le terme Inuk afin de désigner une personne inuite.
Il existe 8 groupes ethniques inuits au Canada :
La langue inuite se divise en 5 dialectes principaux. Ceux qui sont utilisés par les Inuits du Nunavut sont l’inuktitut et l’inuinnaqtun.
Comme ils habitent des régions isolées, le contact entre les Inuits et les Européens s’est fait plus tardivement qu’avec les autres nations autochtones. Les Inuits ont ainsi pu conserver leur culture traditionnelle jusqu’au milieu du 20e siècle.
Les Inuits étaient un peuple nomade. Ils se déplacaient grâce à un moyen de transport adapté à la glace et à la neige: les traineaux à chiens. Leur mode de vie était adapté au climat polaire et à la toundra. La nordicité était à la base de leur culture. Ils se déplaçaient en petits groupes et suivaient les troupeaux d’animaux. L’hiver, ils chassaient les phoques sur la banquise, alors que l’été, ils voyageaient à l’intérieur des terres afin de chasser le caribou. Ils pratiquaient aussi la pêche à la baleine.
Les produits tirés de la chasse leur permettaient d’être autosuffisants :
Les Inuits chassaient seulement ce dont ils avaient besoin.
À partir du milieu du 19e siècle, les Inuits commencent à faire des échanges avec les Européens qui viennent pour chasser la baleine ou faire le commerce des fourrures. Ils délaissent petit à petit leur économie d’autosuffisance et commencent à pratiquer la chasse et la pêche de manière plus commerciale. Les produits européens (lainages, produits de métal, armes à feu) qu’ils reçoivent lors de ces échanges changent aussi leur mode de vie.
Leur mode de vie est profondément modifié au courant des années 1950. Dans le but d’assimiler et de sédentariser les Inuits, le gouvernement du Canada oblige les Inuits à s’installer dans des villages et impose l’école obligatoire pour les enfants. Plusieurs familles inuites sont aussi relocalisées de force par le gouvernement fédéral.
On qualifie de sédentaire une personne ou un groupe qui s'établit de façon permanente sur un territoire.
En 1953 et en 1955, le gouvernement canadien décide de relocaliser 19 familles des communautés inuites d’Inukjuak et Mittimatalik, soit près d’une centaine de personnes. Le Canada fait pression sur ces familles afin qu’elles s’installent dans l’Extrême-Arctique, plus précisément à Resolute Bay et à Craig Harbour, à plus de 2 000 km au nord. Le gouvernement canadien désire soutenir ses revendications sur le contrôle de la région de l’Arctique. Avoir des habitants établis de manière permanente dans la région est un moyen d’y arriver. Les Inuits ne sont pas en position de refuser, même si la relocalisation les sépare d’une partie de leur famille.
Les agents du gouvernement tentent de convaincre les familles en leur promettant de meilleures conditions de vie. Ils disent que les nouveaux territoires regorgent de gibier et font la promesse que les familles pourront revenir après 2 ans si elles le désirent. Lorsque les familles arrivent sur place, elles se rendent compte que c’est faux. Leur adaptation à ce nouveau milieu de vie est très difficile. Ils doivent s’adapter au froid extrême, à l’isolement, à l’hiver sans ensoleillement pendant 3 mois et la nourriture est très rare.
À Craig Harbour, les familles inuites apprennent qu’elles seront de nouveau séparées, puisqu’une partie d’entre elles devront s’installer à Resolute Bay. Plusieurs personnes sont bouleversées par la nouvelle, puisqu’elles avaient accepté d’être relocalisées dans le seul but de ne pas être séparées de leur famille.
Malgré la promesse du gouvernement du Canada, les Inuits qui désirent retourner chez eux après 2 ans ne peuvent pas le faire. En effet, ils apprennent qu’ils doivent débourser eux-mêmes les frais nécessaires pour le voyage. Cela est impossible pour plusieurs personnes puisque le peu d’argent qu’ils font grâce au piégeage est déposé dans un compte géré par le gouvernement auquel ils n’ont pas accès.
Après des années de revendications des communautés inuites, le gouvernement canadien présente des excuses officielles en 2010.
De nos jours, les Inuits sont sédentaires. Ils habitent dans des villages permanents. Même s’ils ne chassent plus pour assurer leur survie, cette activité, tout comme la pêche, reste une activité très importante pour les Inuits.
Les communautés utilisent de nouveaux moyens de transport pour parcourir le territoire, comme des motoneiges, des bateaux motorisés et l’avion.
Les droits ancestraux représentent les droits de pêche, de chasse et de piégeage accordés à un ou plusieurs groupes autochtones selon leurs coutumes ancestrales.
La moyenne d’âge de la population du Nunavut est de 27 ans, ce qui est beaucoup plus bas que la moyenne d’âge au Canada (41 ans)[9]. Il y a donc beaucoup de personnes en âge de travailler. Toutefois, peu d’emplois sont disponibles. De plus, le niveau général d’éducation de la population est faible. Tous ces facteurs font en sorte que plusieurs personnes ne trouvent pas d’emploi. Le taux de chômage est donc élevé.
Sans les revenus liés à un emploi, il peut être très difficile pour les personnes de répondre à leurs besoins puisque les aliments et les produits coutent très cher au Nunavut en raison de l’isolement et de l’éloignement du territoire.
Une solution pour faire face au manque d’emplois est d’exploiter les ressources naturelles du territoire afin de créer des emplois. Cela permettrait aussi d’améliorer la qualité de vie de la population.
Le secteur minier est très prometteur au Nunavut. Quelques mines sont déjà en activité sur le territoire. Plusieurs projets sont en cours afin de mettre en place des mines supplémentaires.
Les mines nécessitent la construction de plusieurs infrastructures pour l’exploitation, l’entreposage et le transport. Elles modifient profondément le territoire. Elles ont également plusieurs impacts négatifs sur l’environnement. Par exemple, les résidus miniers peuvent libérer de nombreux métaux lourds qui sont toxiques pour la faune et la flore et dangereux pour les sources d’eau potable.
La présence de mines perturbe le mode de vie inuit. Par exemple, lorsqu’une mine s’installe sur un territoire traditionnel de chasse, les bruits qu’elle cause font fuir le gibier vers des zones souvent moins accessibles pour les chasseurs. L’aménagement d’une mine requiert donc un partage du territoire entre les activités traditionnelles des populations inuites et les activités minières.
Une solution est de mettre en place des conditions pour encadrer le développement de l’industrie minière. Cela peut être, entre autres, d’obliger les entreprises à réduire au minimum leurs impacts négatifs sur le mode de vie des Inuits et sur l’environnement par la mise en place de lois ou de règlements. Remettre le site en état lorsque l’exploitation minière est terminée et demander des compensations financières sont deux exemples de mesures pour réduire les impacts négatifs.
La mine d’or Meliadine est située près du village de Rankin Inlet. Cette proximité amène un lot d’impacts, certains positifs et d’autres négatifs.
La présence de la mine a ouvert plusieurs possibilités d’emploi pour les résidents du village. De plus, une entente avec l’entreprise fait en sorte qu’elle doit engager et former du personnel pour que 50 % de son personnel soit Inuit. Pour toutes les années où la compagnie n’atteint pas ce taux, elle doit verser une compensation financière à l’Association des Inuit de Kivalliq (une association qui représente les Inuits de la région).
L’entreprise se montre à l’écoute et a une volonté d’améliorer ses pratiques, entre autres pour réduire ses impacts sur les activités traditionnelles comme la chasse.
Le fonctionnement de la mine nécessite la présence de nombreuses personnes. Cela exerce une pression sur le village de Rankin Inlet. Comme plusieurs autres villages au Nunavut, il manque de logements et d’infrastructures pour l’eau potable et les eaux usées. Actuellement, le village ne peut pas accueillir plus de personnes comme les travailleurs venant d’autres communautés.
En 2020, l’entreprise n’emploie pas assez d’Inuits pour respecter son entente. Les membres de la communauté ont plus de difficulté à obtenir certains emplois à cause de l’accès restreint aux études post-secondaires sur le territoire.
La présence de la mine rend la chasse plus difficile puisque les animaux qui auparavant se tenaient dans ce territoire se sont déplacés plus loin.

Une vue aérienne des installations de la mine Meliadine
Le tourisme est un autre secteur aidant le développement économique du Nunavut. Ses grands espaces attirent les amateurs de plein air, de chasse et de pêche. De plus, 4 parcs nationaux sont situés sur le territoire.
Le Nunavut est une destination couteuse. Ce ne sont donc pas tous les touristes qui peuvent s’y rendre. Actuellement, il y a peu d’infrastructures touristiques pour les accueillir.
Le tourisme peut être une source intéressante de revenus pour une région. Toutefois, ces revenus varient selon le nombre de visiteurs qui s’y rendent. Le secteur touristique au Nunavut génère moins de profits que le secteur minier. Toutefois, son impact sur l’environnement est généralement faible et il fait souvent la promotion du mode de vie inuit.
Le Nunavut est particulièrement vulnérable au réchauffement climatique. L’Arctique est une des régions du monde parmi les plus touchées par le réchauffement climatique.
Une augmentation de température entre 3 et 7 degrés est prévue d’ici 2030[11]. Entre 1948 et 2016, la température moyenne au Nunavut a augmenté de 2,7 degrés Celsius alors que la température moyenne du reste du Canada a seulement augmenté de 1,7 degré[12].
L’augmentation des températures a des impacts sur l’accélération de la fonte des glaces (banquise), la fonte du pergélisol, l’augmentation du niveau de la mer et l’augmentation des précipitations.
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Les impacts du réchauffement climatique sur l’environnement |
Les conséquences négatives sur les communautés |
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La fonte du pergélisol |
Le pergélisol est une base solide pour les constructions, mais s’il fond, le sol devient mou et peut s’effondrer. Cela peut non seulement être dangereux pour les habitants, mais peut aussi endommager les infrastructures, comme les routes, les ponts, les pistes d’atterrissage et les maisons. |
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L’augmentation du niveau de la mer |
Cela peut causer des inondations ainsi que l’érosion des zones côtières. Les villages de Clyde River, Hall Beach et Kugluktuk sont particulièrement à risque face à ces phénomènes. |
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La saison des glaces est plus courte et moins prévisible. |
Cela affecte les déplacements qui se font habituellement sur les routes de glace. |
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La fonte progressive de la banquise, ce qui affecte les populations de phoques et d’ours blancs. |
Cela affecte les activités traditionnelles des Inuits comme la chasse et la pêche. |
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L’augmentation des précipitations |
Cela peut créer des inondations et ainsi causer des dommages aux infrastructures. |
L’érosion est la dégradation du sol sous l’effet du vent, de l’eau ou de l’action humaine.
L’isolement et l’éloignement du territoire du Nunavut occasionnent plusieurs enjeux pour ses habitants, comme :
À cause de l’isolement et de l’éloignement des communautés du Nunavut, transporter la nourriture coute beaucoup plus cher. Ainsi, les denrées alimentaires coutent en moyenne 2,2 fois plus cher au Nunavut qu’ailleurs au Canada.
Le cout de l’épicerie est tellement élevé que plusieurs familles du Nunavut n’arrivent pas à payer toutes leurs dépenses. Comme beaucoup d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté, les augmentations du cout du panier d’épicerie ont un énorme impact sur la population.
En 2018, l’insécurité alimentaire touchait 57 % de la population du Nunavut[13]. Avec la hausse des prix des aliments qui était de 7,4 % entre 2021 et 2022[14], cette insécurité alimentaire touchera encore plus de familles du Nunavut.
Au Nunavut, une crise du logement (manque important de logements) dure depuis plus de 20 ans. La Société d’habitation du Nunavut construit entre 75 et 100 logements tous les ans, mais elle n’est tout de même pas en mesure de subvenir aux besoins de la population du territoire. Entre 250 et 300 logements devraient être construits chaque année afin de loger confortablement l’entièreté de la population[15].
Cet objectif est toutefois irréalisable lorsqu’on prend en considération l’importante augmentation des prix des matériaux de construction additionnée au prix déjà très élevé du transport. Les matériaux doivent être transportés directement dans chaque communauté puisqu’elles ne sont pas reliées entre elles par des routes. De plus, la période de construction est très courte, ce qui limite le nombre de logements qui peuvent être construits en une année.
La crise du logement affecte principalement les membres de la communauté inuite, qui constituent 85 % de la population du Nunavut. Plusieurs familles habitent dans des maisons datant de plus de 50 ans, qui ont connu peu ou pas de rénovations depuis.
Environ 56 % des logements inuits sont surpeuplés. Certains logent jusqu’à une vingtaine de personnes. Cela entraine d’autres enjeux au niveau des maladies, de la santé mentale et de l’abus de substances (drogues et alcool). Le taux de suicide, par exemple, est dix fois plus élevé au Nunavut que dans le reste du Canada[16].
Avec l’isolement et l’éloignement du territoire vient aussi un accès restreint aux services de santé. N’ayant pas de grand centre urbain sur ou près du territoire, les familles du Nunavut doivent souvent se déplacer pour avoir accès à des soins médicaux spécialisés.
Certains soins peuvent être administrés à l’Hôpital général Qikiqtani d’Iqaluit, mais certaines familles doivent voyager beaucoup plus loin puisque beaucoup de spécialités médicales ne sont pas accessibles au Nunavut.
Tous les ans, des centaines d’enfants doivent voyager plus de 2 800 km pour se rendre au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO). En 2019, 544 enfants du Nunavut y ont été soignés[17]. Le voyage peut être très éprouvant pour les familles, qui doivent prendre deux avions et voyager plus de 12 heures pour se rendre à Ottawa. Une fois rendues, les langues et la culture différentes rendent parfois leur séjour plus difficile. Cela arrive souvent que ces familles doivent quitter leur communauté pendant plusieurs semaines de suite. Même si le voyage et le séjour des parents et de l’enfant sont payés, certaines familles ne peuvent pas se permettre de se retrouver sans salaire durant plusieurs semaines. Les parents sont aussi souvent séparés de leurs autres enfants, puisque des compensations sont rarement données pour le déplacement de ces derniers.
Pour avoir accès au reste du module, tu peux consulter les fiches suivantes.