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Depuis la Conquête de 1760, la Province of Quebec (Province de Québec) est sous le contrôle britannique. Les francophones forment une majorité dans cette colonie, mais ils doivent tout de même composer avec l’immigration britannique, dont celle des loyalistes.
On trouve, autant chez les anglophones que chez les francophones, une volonté d’avoir un système politique plus démocratique. La couronne décide alors de séparer la Province of Quebec en deux nouveaux territoires : le Haut-Canada et le Bas-Canada. Elle octroie aussi à chacune des deux colonies une chambre d’assemblée. Ces nouveaux éléments sont inscrits dans une constitution instaurée le 6 décembre 1791 : l’Acte constitutionnel.

L’une des clauses de l’Acte constitutionnel concerne le territoire. La Province of Quebec n’existe plus puisqu’elle a été divisée en deux territoires distincts : le Haut-Canada et le Bas-Canada. La frontière entre les deux est la rivière des Outaouais. Chaque province a son propre gouvernement et peut prendre des décisions qui n’affectent que son territoire, bien que le gouverneur puisse opposer un droit de véto à chaque décision prise par l’un ou l’autre de ces gouvernements.

Le Bas-Canada couvre une grande partie du Québec actuel et est peuplé par 160 000 personnes, dont environ 16 000 anglophones.
Au Bas-Canada, on reconnait officiellement les titres de propriété du régime seigneurial et on respecte la hiérarchie et la foi catholiques. Par contre, certaines terres doivent être strictement réservées au clergé protestant. Le système juridique intègre autant le Code civil français que le Code criminel anglais.
Le Haut-Canada se situe au sud-est de l’Ontario actuel. Il abrite environ 15 000 personnes majoritairement anglophones dont plusieurs sont des loyalistes.
Au Haut-Canada, la population est protestante (des terres sont d’ailleurs réservées au clergé protestant) et le Code civil ainsi que le Code criminel anglais sont utilisés.
Les autorités britanniques ont décidé, avec l’Acte constitutionnel, de séparer les deux communautés linguistiques de la Province of Quebec, soit les anglophones et les francophones.
Bien que ce choix de diviser le territoire en communautés linguistiques fonctionne pour la population du Haut-Canada, qui est presque exclusivement anglophone, l’application de cette division comporte plusieurs défis pour le Bas-Canada. En effet, à l’intérieur des frontières du Bas-Canada, les deux groupes linguistiques cohabitent et sont représentés par la même Chambre d’assemblée.
La situation au Bas-Canada diffère de celle au Haut-Canada principalement en raison de cette dualité linguistique. Cette situation, à l’intérieur de laquelle deux groupes formant une même société parlent une langue différente, teinte de façon particulière toutes les sphères de la vie collective.

Le Débat sur les langues
Débat sur les langues lors de la première Assemblée législative du Bas-Canada le 21 janvier 1793
Cela explique aussi pourquoi, au Bas-Canada, une même institution n’arrive jamais seule, c’est-à-dire qu’il y en a une pour chaque population : certains journaux sont francophones, d’autres sont anglophones; des églises sont catholiques francophones et d’autres, protestantes anglophones; il en va de même pour les écoles, les députés élus à la Chambre d’assemblée et encore bien d’autres éléments de la vie au Bas-Canada.
Ces institutions et individus jouent des rôles identiques, mais suivent les intérêts bien différents du groupe qu’ils représentent. Cette situation accentue progressivement les tensions entre les francophones et les anglophones et provoque le développement d’une fierté et d’une appartenance à un groupe, à une nation particulière. C’est ce que l’on nomme le nationalisme.
La population du Bas-Canada développe, depuis la Conquête, un sentiment de fierté et d’appartenance à une nation distincte, celle des Canadiens. Ce sentiment contribue à forger et à rassembler la population autour d’une culture francophone catholique au détriment de la communauté et de la culture britanniques. Le fait que les autorités et les institutions britanniques (gouverneur, journaux anglais, etc.) qualifient souvent les Canadiens de peuple inférieur et faible, affirmant ainsi leur position favorable de conquérants, accentue le désir des Canadiens de former un groupe distinct.
Les Canadiens cherchent alors, autant dans la politique, la littérature et l’économie, à compétitionner avec les Britanniques et à revaloriser la culture et le peuple canadiens.

François-Xavier Garneau
Il est l’auteur de l’œuvre Histoire du Canada, dont le premier tome est publié en 1845. C’est la première fois qu’un auteur rassemble, dans un ouvrage, un récit aussi détaillé de l’histoire des Canadiens français.
Les anglophones du Haut et du Bas-Canada, quant à eux, se considèrent toujours Britanniques. Ils prônent l’attachement aux institutions et à la monarchie britanniques ainsi qu’à la langue anglaise.
Grâce à la victoire de la Conquête, un fort sentiment de supériorité habite la population anglo-britannique vis-à-vis des Canadiens. De plus, ils occupent la plupart des positions importantes et ils possèdent plus de richesses. Ils imposent plusieurs institutions dans la colonie selon le modèle britannique. C’est ce que l’on nomme l’impérialisme
L’impérialisme est la volonté de domination culturelle, politique, économique et militaire d’un État sur un autre.
Des institutions modelées sur la culture britannique sont ainsi reproduites au Bas-Canada : la Chambre d’assemblée, la Banque de Montréal, l’université McGill, etc.

L’université McGill vers 1910
