Pourquoi laisser son enfant essayer des jeux risqués

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En tant que parent, il est normal de s’inquiéter du bien-être de son enfant et d’avoir un instinct de protection qui nous pousse à vouloir éliminer tout risque présent dans son environnement. Pourtant, lors des jeux risqués, le danger réel est extrêmement faible par rapport aux nombreux bienfaits que ces activités apportent au développement de votre enfant. Cet article vous présente les avantages de laisser votre enfant expérimenter des jeux risqués.

 

La différence entre un jeu encadré, un jeu libre et un jeu risqué

Les bienfaits du jeu ne sont plus à démontrer, mais il faut savoir que chaque forme de jeu a ses propres avantages et inconvénients selon le contexte et les résultats souhaités. Bien qu’il existe une classification assez large des différents types de jeux, nous vous présentons ici trois grandes catégories afin de mieux comprendre en quoi le jeu risqué se distingue du jeu libre et du jeu encadré. 

  • Le jeu encadré se caractérise par les jeux qui comportent des règles à suivre et une supervision directe. Par exemple, lorsque vous jouez à un jeu de société, on s’attend à ce que tous les joueurs comprennent le but du jeu et en suivent les règles. 
  • Le jeu libre laisse l’enfant explorer et inventer à sa guise dans un cadre sécurisé et sans se voir imposer un résultat. C’est l’enfant qui invente le jeu et qui choisit lui-même à quoi jouer, avec quoi et comment. Par exemple, l’enfant peut prendre une serviette et se créer une cape de superhéros ou faire de la percussion en transformant des casseroles en batterie. Le jeu libre est tellement important pour le développement de l’enfant qu’il est reconnu comme l’un de ses droits fondamentaux. 
  • Le jeu risqué dérive du jeu libre, mais en poussant plus loin : il permet aux enfants de se mesurer à des défis dans un environnement supervisé, mais moins structuré. Le jeu risqué ne consiste pas à faire quelque chose de dangereux, mais à faire face à l’incertitude, à affronter des défis, à essayer des activités trépidantes, etc. Il existe six catégories de jeux risqués :
    • À grande hauteur : grimper dans les arbres, monter sur un escabeau
    • À grande vitesse : la course, le vélo
    • Avec des outils dangereux : hache, scie, couteau, canif, marteau, cordes
    • Près d’éléments dangereux : l’eau, le feu
    • Avec des interactions rudes : la lutte et le chamaillage
    • Où les enfants peuvent « disparaître » ou se perdre : la cachette dans le jardin ou derrière des buissons.

Ces jeux encouragent l’enfant à explorer son environnement, à tester ses limites et à apprendre de ses erreurs dans un contexte où la sécurité est toujours prioritaire (c’est-à-dire, en portant l’équipement de protection recommandé dans chaque activité et en se mesurant à des défis appropriés à son développement). 

Le saviez-vous

Il est important de faire la distinction entre la notion de risque et la notion de danger. Les risques sont relatifs à l’âge et au développement de l’enfant. Ce qui est un risque pour un enfant de 8 ans peut constituer un danger pour un enfant de 2 ans. 


Le danger est une menace que l’enfant ne voit pas, alors que le risque est un défi perçu par l’enfant. Le choix lui revient de l’affronter ou non. 

Les bienfaits du jeu risqué

Les jeux risqués constituent un levier important dans le développement de l’enfant en favorisant sa résilience et son autonomie, car il devient le maître de son activité et repousse ses limites


Parmi les bienfaits, on peut compter : 

Surmonter ses craintes en tant que parent

Bien que les risques et les dangers font partie intégrante de la vie, il est naturel de ressentir de l’appréhension à l’idée de laisser son enfant prendre des risques. Cependant, malgré leurs bonnes intentions, adopter le rôle de « parent hélicoptère » (celui qui « vole » au-dessus de l’enfant pour le surprotéger) peut limiter le développement de la confiance et de l’autonomie de l’enfant. De plus, cette attitude chez certains parents peut plutôt refléter leur besoin de calmer leur propre anxiété et d’apaiser leurs propres craintes. Voici quelques astuces que vous pouvez mettre en place pour surmonter ces craintes :

  • Résistez à l’impulsion de surprotéger votre enfant et réfléchissez à vos propres peurs afin d’éviter de les lui transmettre. Au lieu de le surprotéger, guidez-le et modélisez la façon dont il peut jouer dans un module ou manipuler un outil de façon sécuritaire.
  • Comprenez qu’en laissant l’enfant participer à des jeux risqués sous surveillance, cela lui permet d’apprendre à évaluer les risques par lui-même. Faites-lui prendre des risques calculés et encouragez-le à affronter des défis réalistes pour son niveau de développement.
  • Constatez qu’en évitant d’intervenir pendant que l’enfant est concentré (par exemple en se tenant en équilibre sur une chaîne de trottoir ou en grimpant dans un arbre), celui-ci fait davantage attention à ce qu’il fait.
  • Gardez en tête que l’enfant a besoin de vivre des expériences variées, d’affronter des défis et d’explorer son environnement afin de grandir en autonomie.
  • Ayez une vision à long terme qui tient compte du fait que les bienfaits du jeu risqué surplombent les possibles blessures sur le plan des bénéfices.
  • Ne culpabilisez pas de laisser son enfant vivre des expériences trépidantes, car la surprotection finit par nuire à l’autonomie de l’enfant. La surprotection est un comportement qui envoie à l’enfant le message que le monde n’est pas sécuritaire pour lui.  
  • Changez le langage utilisé pendant que l’enfant participe à des activités risquées :
    • Au lieu de dire « Attention, tu vas tomber! », dire plutôt « Concentre-toi. Réfléchis à où tu vas mettre tes pieds avant de descendre », « Je suis là, mais tu n’as pas besoin de mon aide. Tu es capable! »
  • Encouragez le dialogue pour faire un retour sur l’expérience. Après l’activité, discutez avec votre enfant de ce qu’il a appris, de ses succès et des moments où il a peut-être ressenti de la peur ou de l’inconfort. Cela l’aidera à utiliser des stratégies d’adaptation et à avoir une meilleure compréhension des risques et de ses propres limites.
     

Aider son enfant à faire face à ses peurs

Souvent, l’apprentissage implique naturellement d’affronter des sensations d’inconfort et de peur. Pour aider votre enfant à faire face à ses peurs, introduisez progressivement des activités qui repoussent un peu ses limites. Créer des situations où il peut expérimenter le risque de façon contrôlée peut le préparer à gérer des défis plus importants. Gardez en tête que plus une personne affronte une situation effrayante, moins elle lui paraît terrifiante. Voici quelques trucs pour accompagner votre enfant à surmonter progressivement ses craintes :

  • Encouragez votre enfant à exprimer ses peurs. Écoutez-le attentivement et validez ses sentiments sans minimiser ses craintes.
  • Commencez par de petits défis et augmentez progressivement le niveau de risque à mesure que votre enfant gagne en assurance.
  • Offrez à votre enfant le soutien émotionnel dont il a besoin. Rassurez-le en lui montrant que vous êtes à ses côtés, prêt à intervenir si nécessaire.
  • Apprenez-lui des techniques de relaxation comme la respiration profonde ou la visualisation positive pour l’aider à gérer son stress.
  • Donnez l’exemple en affrontant vos propres peurs. Montrez-lui que c’est normal d’éprouver de la peur et que le courage réside dans l’action malgré la peur.
  • Félicitez votre enfant pour chaque peur qu’il affronte et pour chaque progrès réalisé; cela contribuera à renforcer sa confiance en soi.
  • Rassurez votre enfant en étant sensible à ses besoins.
     

Respecter le vécu de l’enfant

Chaque enfant est unique et son seuil de confort varie. Respecter ses émotions et ne pas le pousser à agir contre sa volonté lorsqu’il affronte une peur trop envahissante est primordial. Encouragez ses petits pas et célébrez ses progrès afin de l’aider à développer un sentiment de contrôle. Il est important de reconnaître qu’à certains moments, des peurs insurmontables et des phobies peuvent nécessiter l’assistance de professionnels. Pour mieux soutenir votre enfant, voici quelques conseils :

  • Soyez à l’écoute de votre enfant et respectez son rythme d’apprentissage. Ne le forcez jamais à dépasser ses limites de façon brusque.
  • Valorisez chaque étape franchie par votre enfant, quelle que soit son ampleur. Les encouragements positifs renforcent la confiance et le sentiment d’accomplissement.
  • Si les peurs de votre enfant semblent insurmontables, n’hésitez pas à consulter des professionnels pour obtenir un accompagnement spécialisé.
  • Favorisez un environnement sécurisé pour l’expérimentation des jeux risqués (porter un casque de vélo, s’éloigner des voitures, etc.). Un environnement adapté favorise l’apprentissage tout en minimisant les dangers. 

Références